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Des champignons utilisés pour créer des piles et éléments électroniques

Des champignons utilisés pour créer des piles et éléments électroniques

Image : Soft Matter Physics Division, Johannes Kepler University Linz/Doris Danninger

 

Poêlés, fricassés, sautés, à la crème ou crus, les champignons sortent de la cuisine pour devenir des matériaux destinés à la conception de piles. Une équipe de scientifiques autrichiens a utilisé la peau du mycélium d’un champignon poussant sur les troncs d’arbres, pour élaborer des composants pour batterie zinc carbone.

En règle générale, les composants réalisés à partir de matériaux naturels, notamment ceux issus des plantes, peinent à concurrencer les équivalents commerciaux en matière de performances et de durabilité. Mais ce n’est pas là le seul problème. Ainsi, bien qu’ils soient hautement biodégradables, la conception de matériaux réalisés à l’aide de papier nécessitent par exemple beaucoup d’énergie et d’eau.

Des scientifiques autrichiens ont créé les « myceliotronics », noms donnés aux éléments électroniques et piles qui incorporent des champignons biodégradables comme éléments principaux. Avec cette innovation, ils sont parvenus à créer des capteurs d’humidité et de proximité avec un module Bluetooth à partir d’un circuit imprimé en mycélium et des « piles champignons ».

Côté circuit imprimé, la peau mycélium du Ganoderma Lucidum, espèce pathogène des arbres présents dans les régions tropicales, a été utilisé en guise de substrat. Cette couche de base, représentant environ 37 % du poids total du circuit, est habituellement conçue à base de plastique. Cultivé sur un hêtre pendant deux semaines, le champignon finit par former une peau à la surface du bois. Une fois récoltée, cette peau est recouverte d’une couche de cuivre et galvanisée avec de l’or, gravée à l’aide d’un laser afin de créer les traces de circuit. Les propriétés électriques du mycélium sont identiques à celles du papier, à la différence qu’il est possible de les plier des milliers de fois sans en altérer le bon fonctionnement.

La structure poreuse du champignon en fait également un bon séparateur, composant que l’on retrouve également dans les piles vendues dans le commerce. Trempé dans un électrolyte sous forme liquide, ce séparateur est positionné dans un matériau d’emballage constitué de peau de mycélium plaqué or.  Avec seulement deux de ces piles, il serait possible d’alimenter un capteur d’humidité autour de 1,9 V.

Enfin, puisqu’il est aisé de séparer les composants du champignon des éléments métalliques, le recyclage de la pile et du circuit imprimé ne pose aucun problème.